Examen GD [M1 – UEC] – Janvier 2018

M1 – Grandes doctrines [UEC 1]

Cours du Professeur Rials

Examen de l’hiver 2018

 

NB : le corrigé sera installé dans les jours suivants l’examen sur le site assasri.wordpress.com [les présentes pages mais avec les « bonnes » réponses soulignées et portées en gras]

 

Notation :

1) Le QCM emporte l’allocation maximale de 50 points. La note devant être portée sur dix, le diviseur devrait être 5. Il sera 4,5.

2) La note obtenue sera ensuite élevée au demi point supérieur

3) Lorsque au moins 32 points bruts sur cinquante auront été obtenus, un point supplémentaire sera alloué [pour qu’il n’y ait aucune sorte d’incompréhension, j’ai choisi de ne pas donner de questions doubles ou triples et rédigé cinquante questions ; trente-deux points bruts correspondent donc à une bonne réponse apportée à trente-deux questions, bonnes réponses apportant inévitablement un point].

 

Exemple :

Vous aurez répondu convenablement à 32 questions à un point.

Si le diviseur était 5, vous obtiendriez 32 : 5 = 6,4 ; et donc 6,5 après élévation au demi point supérieur [mention Assez Bien].

Comme le diviseur est 4,5, vous obtiendrez tout d’abord 32 : 4,5 = 7,11.

Par élévation au demi point supérieur, votre note sera portée à 7,5 [mention Bien]

Et comme 32 sont égaux ou supérieurs à 32, le point supplémentaire vous donnera 8,5 [mention très bien si je ne me trompe pas]

 

Le mode de calcul est généreux [la moyenne est obtenue avec seulement 21 bonnes réponses sur 50] – voire très généreux pour les plus sérieux. La correction est automatisée et il n’y aura bien entendu aucune discussion.

 

Dois-je préciser

1) que plusieurs questions ou réponses opèrent spéculairement les unes par rapport aux autres, les termes de l’une pouvant favoriser la réponse à telle autre

2) que certaines questions et réponses sont longues, mais que cela ne constituera pas une difficulté pour ceux qui connaissent les réponses et n’ont pas à les conjecturer par patiente élimination

 

Toutefois, les étudiants étrangers veilleront à faire enregistrer clairement cette qualité afin – comme pour les stricts écrits – qu’elle soit considérée dans la notation. Ici, cette considération sera automatique : un demi-point sera ajouté à leur note finale.

 

Question 1

Vous cocherez s’il vous plaît la réponse la moins satisfaisante

A L’art de rhétorique tend à persuader et n’a pas la prétention de convaincre, en des domaines en lesquels d’ailleurs généralement, puisqu’ils sont, humainement [car un dieu, certes… – « Jupiter », peut-être, en son Olympe], seulement conjecturables [en un sens nullement péjoratif], la revendication de la conviction n’aurait guère de sens [contrairement à ce que semble supposer la tyrannique doctrine tendant à interdire les supposées « fake news » ; redoutons que certains ne finissent par ouvrir, dans l’édition de 1599 bien sûr – horresco referens –, les De rege et regis institutione libri tres…]

B Un centon [de la langue provençale santoun] est un personnage, traditionnellement en terre cuite, appelé à contribuer à la représentation de la nativité dans ce que l’on appelle une crèche [par métonymie, et même par synecdoque particularisante, puisque la crèche fut d’abord simplement la mangeoire servant de berceau]

C « L’évangile » est plutôt, paradoxalement au fond, façon protestante de parler, « les évangiles » sonnent plus catholiquement

D Dans mon enseignement, l’usage a prévalu d’entendre par « sens » le « contenu », la « matière » d’un terme ou d’une proposition, et par « signification » sa « valeur », sa « force ». Il a été ajouté que seul le destinataire d’une proposition peut lui donner sa signification [ainsi la signification de « norme »] – sous l’horizon menaçant, certes, de la tournoyante épée de Léviathan, laquelle prétend mettre en forme l’ensemble du monde des corps mais n’y parvient pas toujours certes, et se trouve d’ailleurs sans cesse davantage supplantée par les poignards innombrables des puissances privées, auxquelles d’ailleurs la grande épée prête son concours autant qu’utile à l’affirmation toujours élargie de leur domination

E Le mot grec Apokalupsis a pour sens « révélation »

 

Questions 2

À nouveau, vous voudrez bien cocher la réponse la moins… persuasive

A Kérygme : du grec kērux, le héraut ; le kérygme est l’annonce même, le cœur de la nouvelle, le pivot même de la profession de foi chrétienne ; l’on admet qu’il tient en moins de mots que le Credo [dans la version du symbole de Nicée-Constantinople certes, mais même dans celle du symbole des apôtres ; mais davantage de mots, en toute hypothèse il me semble, que la Chahada].

B Mantra : Formule sacrée supposée revêtir une signification opérative, magique [ce terme appartient originairement au lexique du brahmanisme ; il peut être extensivement utilisé pour évoquer le procédé langagier suprême du procès d’asservissement mimétique de toute société par la diffusion d’une parole revêtue d’une signification sacrée ; la vocation objective des mantras est d’interdire la pensée ; l’esprit, se réfléchissant comme liberté dans la négation, s’affirme dans la lutte contre les mantras]

C Canon de l’Écriture : le canon de l’Écriture est – dans la seule église romaine, un long recueil de propositions réputées prescriptives, puisées tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, rédigé lors du neuvième Concile œcuménique [Latran I en 1123]. Chacune est encadrée par deux fragments bien connus permettant de censurer l’erreur : « Si quis negauerit » au début, « anathema sit » à la fin, si quelqu’un a nié [telle proposition] qu’il soit anathème ; le canon est une arme redoutable ; tel était le canon de l’Écriture en un âge dont chacun sait que, à la différence de notre temps éclairé, il était soumis à l’obscurantisme ; d’où la fameuse expression « marcher au canon » [laquelle n’est pas ainsi due, tardivement, au maréchal baron Gérard à Waterloo, ni moins encore au Petit Caporal devenu empereur].

D Hésychasme : l’hēsuchia étant le calme, la tranquillité, l’apaisement, l’hésichasme fut cette orientation de la vie religieuse tendant à la quête ascétique de l’absence de trouble d’une âme silencieusement immobile [la portée de la notion est peut-être un peu différente selon que l’on évoque les Pères du désert ou, au XIVe siècle, saint Grégoire Palamas, auteur majeur de l’orthodoxie]

E Pour faire comprendre la position de l’idéalisme philosophique, il peut être commode [sauf à apporter bien sûr quelques corrections ensuite, s’il s’agit par exemple de comprendre Kant] de recourir à l’exemple des lunettes vertes de Kleist

 

Question 3

Dans le Second discours, l’on peut avoir le sentiment que le ver [postlapsaire ?] est dans le fruit, se trouve tapi déjà dans l’âme de l’homme s’hominisant peu à peu dans le cadre pourtant fruste de l’âge des cabanes – et ceci même si Rousseau tranche en principe – tel est son plus général propos dans ce texte – pour une sorte de pélagianisme implicite, dont la vocation, fût-ce assez acrobatiquement, est d’innocenter l’homme du mal même qui semble l’accompagner toujours plus intimement en société. C’est que, déjà, en ces temps idylliques pourtant semble-t-il, chacun commence à comparer [et à se comparer à] ses prochains et à instituer le monde de la valeur et des valeurs, le monde du marché. Vous êtes dessinateur et avez reçu la commande de quelques dessins pour illustrer le discours ; vous choisirez – à la réflexion [car les illustrateurs ne semblent pas s’être rués sur cet épisode à la fois délicieux et terrible, en lequel le monde commençant paraît appeler déjà le jugement dernier] de montrer en particulier dans votre « Et in Arcadia ego » [elle est aussi en Arcadie, la mort certes, mais l’inégalité déjà peut-être]

A des jeunes gens dansant sous les yeux les uns des autres ; plutôt des jeunes hommes – plus ou moins adroits – sous les yeux de jeunes filles, si on saisit bien le contexte – quelques jeunes filles assombries sans doute, d’autres plus éclatantes puisqu’elles comprennent que plusieurs danseurs pensent à elles à leurs yeux qui les suivent, ou bien un seul, mais qu’elles ont distingué entre tous

B des maisons très différentes les unes des autres signalant que – du fait de l’agriculture – l’égalité se dissipe déjà, de plus orgueilleuses façades semblant écraser de proches masures

C la variété des équipages passant sur la place du village – certains élaborés déjà du fait de la découverte heureuse de la métallurgie –, et celle des vêtements aussi et des parures

 

Question 4

Définiriez-vous le monde évoqué par le Contrat social comme un monde, principalement

A de la délibération permanente à propos des lois sur le modèle [plus ou moins] de telle cité grecque en particulier

B du silence [goûté certes, supposément, par telle autre cité antique]

 

Question 5

Du grand Législateur, pensez-vous que

A son originalité est très limitée, puisqu’il réplique purement et simplement les grands Législateurs des anciennes cités – les Solon, les Lycurgue, les Numa… –, dont les expériences ont montré le caractère parfaitement réaliste du modèle esquissé ici par Rousseau

B son rôle est parfaitement superfétatoire, l’assemblée constituante prévue de façon très précise par Rousseau suffisant bien à la réinstitution de la société ; les quelques pages qui lui sont consacrées manifestent ainsi simplement le caprice littéraire d’un antiquophile ici parfaitement banal en son temps

C sa figure, certes indispensable dans le cadre du montage de Rousseau, afin d’assurer la modification des objets des passions, est hautement problématique, non seulement parce que la situation du monde moderne est fort différente de celle du temps qui vit prospérer les cités, mais encore parce qu’il est supposé – génial orateur, presque divin ou semblant du moins un messager des dieux, et talentueux metteur en scène de lui-même – enchanter le monde en un instant puis, dès ce fiat créateur accompli disparaître sans que pour autant le charme se trouve dissipé

 

Question 6

Concernant le « contrat social » de Rousseau laquelle des propositions suivantes écarteriez-vous ?

A un « juriste » peinerait à qualifier un tel montage comme un véritable « contrat »

B peut-être pourrait-on évoquer plutôt une sorte d’évocation structurale de la fondation rationnelle du politique

C si bien qu’il est étrange que les deux auteurs répétitivement mentionnés comme manifestant le plus purement le « contractualisme » ne puissent être réputés par quelque esprit un peu profond justifier une telle caractérisation [il est même possible de considérer que ces auteurs n’ont évidemment pas voulu d’un véritable contrat – Hobbes ne parvenant à ses fins, après Elements of Law et De Ciue, qu’avec, dans Leviathan, la doctrine de l’ « autorisation »]

D à la différence du bon élève Pufendorf, lequel livre certes le meilleur et plus complet montage contractualiste pour écolier appliqué que l’on puisse imaginer

E la contradiction fondamentale de Rousseau demeurant toutefois le détour expressément contractuel par lequel il justifie sa [au féminin] jurie constitutionnaire dont Sieyès [lequel éprouvait des sentiments ambivalents pour l’œuvre de Rousseau] s’inspirera largement dans ses projets de thermidor an III

 

Question 7

Au huitième chapitre du quatrième livre du Contrat social, Rousseau consacre un développement – très intéressant – à une « religion civile » qu’il juge indispensable. Cela heurte certains, les plonge dans l’incompréhension. Sans doute ne mesurent-ils pas que nous sommes ensevelis par ici dans un débat sans fin sur les contours d’une religion civile qui, sous l’invocation de la République et de principes immémoriaux qui n’ont souvent pas un quart de siècle, prospère et se dilate, contre la République même semble-t-il. S’il s’agissait de caractériser la sobre mais exigeante « religion civile » de Rousseau, laquelle des propositions suivantes écarteriez-vous ? Il s’agit d’une profession de foi

A instaurant certes – pour présider à de grandes cérémonies dont Robespierre s’inspirera pour le culte de l’Être Suprême [la fête du 20 prairial an II en particulier] – un Grand Pontife et trois Flamines, à l’imitation, assez vague certes, de Numa Pompilius

B mais bornée à assez peu de dispositions dogmatiques : l’existence d’une divinité puissante, intelligente, bienfaisante prévoyante et pourvoyante

C une vie à venir et le bonheur des justes et le châtiment des méchants

D la sainteté du contrat social et des lois

E la prohibition de l’intolérance religieuse

F des peines terrestres garantissant le respect au moins formel de cette profession de foi : bannissement de ceux qui n’adhèrent pas à de tels articles ; mort de ceux qui, ayant publiquement reconnu ces dogmes, manifesteraient qu’ils les méprisent

 

Question 8

Le livre, marxiste ou paramarxiste, publié en 1962 par Macpherson, The Political Theory of Possessive Individualism [auquel, significativement, Michel Villey avait consacré en 1964 une note de lecture très favorable dans la Revue française de Science politique], caractérise en particulier l’ « individualisme possessif » comme l’idéologie moderne aux termes de laquelle – pour retenir l’essentiel – la liberté de l’homme doit être comprise comme propriété de soi s’accomplissant pleinement dans la propriété de biens, considérés comme indissociables, non-détachables, inséparables [pour faire des emprunts au lexique des juristes en divers domaines] de leur propriétaire, puisque déterminés par le libre investissement de son travail, et donc de sa personne même, par l’individu propriétaire; ainsi comprend-on que, dans le cadre d’une telle perspective d’ensemble – celle d’une curieuse ontologie de l’incorporation de la chose possédée à l’homme propriétaire –, la propriété ait pu être considérée par la déclaration de 1789 comme « sacrée », à l’égale au fond de la personne propriétaire. Parmi les auteurs qui suivent, lequel écarteriez-vous assurément d’une liste d’auteurs « individualistes possessifs » ?

A Locke

B Hobbes

C Rousseau

 

Question 9

Voici un texte :

« Les anciens trouvaient plus de jouissances dans leur existence publique, et ils en trouvaient moins dans leur existence privée : en conséquence, lorsqu’ils sacrifiaient la liberté individuelle à la liberté politique, ils sacrifiaient moins pour obtenir plus. Presque toutes les jouissances des modernes sont dans leur existence privée : l’immense majorité, toujours exclue du pouvoir, n’attache nécessairement qu’un intérêt très passager à son existence publique. En imitant les anciens, les modernes sacrifieraient donc plus pour obtenir moins. »

De qui est-il ?

A l’abbé Emmanuel-Joseph Sieyès

B John Locke

C Adam Smith

D Jeremy Bentham

E Benjamin Constant

F Frédéric Bastiat

 

Question 10

Ceux que l’on appelle les « Pères de l’Église » ont joué un rôle majeur dans l’histoire de la culture occidentale – Pères grecs et, dans l’ouest européen, Pères latins surtout [même si de façon nullement exclusive – saint Jean Chrysostome est manifestement ainsi le Père le plus lu après saint Augustin vers le milieu du XVIIe], et en particulier – ici – ceux que j’ai appelés les Pères berbères, Tertullien [si important même si certaines de ses vues – en dehors même de certaines difficultés ontologiques – l’ont rendu soupçonnable, en particulier, d’un rigorisme excessif], Cyprien, et surtout bien sûr Augustin. Certains – depuis le P. Jacques-Paul Migne, entrepreneur de fabuleuses compilations au XIXe siècle – prolongent l’âge que, selon un usage très ferme, l’on dit métonymiquement patristique [car la patristique est d’abord la discipline qui prend les Pères pour objet, et non la suite même des Pères], jusqu’à l’âge scolastique ; mais d’ordinaire, lorsqu’on évoque les Pères, on songe principalement aux dizaines et dizaines d’auteurs chrétiens qui se sont succédés du IIe au début du VIIe siècle en Occident, un peu plus tard en Orient. Les Pères des premiers siècles, quoi qu’il en soit, ont été profondément, toujours davantage, marqués par l’hellénisme ; ils ont subi en particulier l’empreinte de la philosophie grecque telle qu’elle s’est prolongée et développée dans l’empire grécoromain de Rome [concurrencée d’ailleurs par la suite dans son rôle de capitale] ; cette marque fut diversifiée mais s’il fut une tradition philosophique dont on doit considérer que son rôle dans l’élaboration de l’esprit du christianisme [expression qui ne me satisfait pas, mais je n’en trouve pas de meilleure à l’instant] fut d’emblée considérable, ce fut la tradition

A épicurienne

B aristotélicienne

C stoïcienne

D platonicienne

E pyrrhonienne

 

Question 11

Parmi les « genres de vie », il fut considéré en général, dans la très longue durée prémoderne, européenne en tout cas [fût-ce d’ailleurs selon des perspectives diverses dans le monde chrétien et le monde païen], Aristote ne contredisant pas véritablement son maître Platon sur ce point, que le plus humain – le plus divin peut-être –, celui en lequel l’accomplissement selon les fins pouvait être le plus achevé, le plus parfait, devait être réputé :

A le Bios apolaustikos

B le Bios theōrētikos

C le Bios praktikos

D le Bios politikos

E le Bios chrēmatistikos

 

Question 12

Dans un texte fameux, un auteur a évoqué – question immense et difficile s’il s’agit de la construire philosophiquement [puisqu’elle touche – si l’on veut – à la question de l’histoire, et même de l’histoire de l’esprit, et même de l’esprit comme histoire] – les formes de la vie qui vieillissent. De qui s’agit-il ?

A Georg Wilhelm Friedrich Hegel

B Immanuel Kant

C Friedrich Nietzsche

D Wilhelm von Humboldt

E Johann Gottlieb Fichte

F Auguste Comte

 

Question 13

En laissant ici de côté la vocation de la notion d’ontothéologie chez Heidegger [qui concerne davantage, si l’on veut, l’essence ontothéologique de la métaphysique que la dérive ontologique de la théologie], et quoi que l’on ait dit du montage théologique – moins univoque à n’en pas douter que l’on ne pourrait être tenté de le poser dans un premier mouvement – de Denys l’Aréopagite [dont l’influence médiévale, en partie certes du fait de la façon dont sa personnalité fut construite par la tradition – disciple de Paul, premier évêque de Lutetia Parisiorum, immense philosophe, et finalement l’un des saints patrons de la monarchie française…], laquelle des propositions suivantes retiendriez-vous plutôt :

A Ontothéologie et théologie négative sont en gros des synonymes

B Ces notions n’entretiennent de toute façon aucune sorte de lien et leur rapprochement ici est surprenant

C La théologie négative permet d’échapper aux mirages [au fond anthropomorphiques] de l’ontothéologie

 

Question 14

Comment tendriez-vous à caractériser généralement la position d’ensemble de l’église romaine – dans la durée, mais en tout cas à l’âge classique – pour ce qui concerne ce que l’on appellera, de façon très générale, les phénomènes manifestant l’irruption du surnaturel dans le monde d’ici-bas ? [vous choisirez, s’il vous plaît, la réponse qui vous paraît simplement, non pas la seule juste, mais dans l’ensemble la plus satisfaisante, en particulier au regard d’éléments produits dans l’enseignement]

A L’Église – appareil de communication à n’en pas douter remarquable et rendu plus efficace par sa centralisation hiérarchique – tire inévitablement un bénéfice naturel [et pas seulement surnaturel – selon la vue qu’elle agrée volontiers –, pour le bien du corps mystique qu’elle est réputée constituer, corps même du Christ selon saint Paul, unissant dans le Christ les vivants et les morts] du rayonnement de ses saints et des pratiques de dévotion qu’il suscite. Il se comprend ainsi qu’elle encourage méthodiquement, sans grande mesure, toute manifestation semblant surnaturelle dès lors qu’elle peut servir les fins qui sont les siennes

B L’Église se méfie plutôt des visionnaires, souhaite encadrer rigoureusement – procéduralement – la reconnaissance du miraculeux, craint les emballements mimétiques, les épidémies spirituelles, si fréquents dans les groupes humains, soupçonne volontiers l’homme déchu [car même si l’anthropologie catholique est un peu moins noire qu’en principe la protestante ou la réformée, elle ne saurait véritablement ne pas « soupçonner » les ressorts profonds des démarches humaines – le christianisme, singulièrement, si l’on peut dire, berbéro-latin, par la suite de son lapsarisme, annonce très évidemment les pensées du soupçon, même si le chrétien est invité à adoucir son soupçon de charité] de peiner et davantage à se hisser aux degrés auxquels il prétend atteindre, et d’aspirer par contre à se mettre en avant, à se revendiquer d’expériences remarquables, même si, bien sûr, elle n’exclut pas d’authentiques visions et de véritables miracles, et si elle prône le recours à des démarches méthodiques en vue de favoriser, d’une façon irréductiblement mystérieuse certes, l’expérience mystique et l’accomplissement contemplatif des chrétiens, mais en général sous la conduite de directeurs de conscience chevronnés.

 

Question 15

Laquelle des simplificatrices propositions suivantes – présentées en vrac – vous persuaderait le moins ? Si vous les jugez toutes en gros convenables, vous cocherez, s’il vous plaît, la dernière.

A La contemplation, au milieu du Moyen âge, est considérée comme la fin suprême de la vie monastique

B Cette vie est placée au sommet des genres de vie du fait de cette ordination supérieure qui autorise la comparaison du moine et de l’ange

C La critique de la vie monastique par les Réformes emportera l’ébranlement et même la destruction, plus ou moins profonds selon les lieux, du monde monastique dans les pays protestants ou réformés [Luther lui-même avait été un moine augustin mais il écrira dans son De uotis monasticis que les vœux ne sauraient être justifiés scripturairement, se mariera et aura une nombreuse progéniture] ; les biens des ordres, seront souvent transférés, de diverses façons, dans la Suède luthérienne, dès à partir de 1527, un peu plus tard, avec une radicalité sans pareille, dans l’Angleterre d’Henry VIII ; ils ne seront pas perdus pour tout le monde et favoriseront outre-Manche la formation d’une très puissante oligarchie nobiliaire qui imposera dans la durée ses vues constitutionnelles et la domination Whig

D Fera suite à ce premier choc la critique fondamentale des Lumières, laquelle portera des effets dans les anciens régimes mais, en France, culminera dans la spoliation générale de l’Église dès 1789 et dans la suppression, en 1790, des vœux monastiques et de la plupart des ordres réguliers [même non monastiques]

E Parallèlement, les évolutions de la spiritualité emportées par la Deuotio moderna à la fin du Moyen âge auront pour effet de favoriser la diffusion de l’aspiration contemplative dans le monde séculier, orientation que l’Église catholique saura mettre en forme [ainsi avec la pratique, encadrée par les directeurs jésuites, des Exercices spirituels de saint Ignace]. Il est possible de voir là un aspect, à l’intérieur même de la catholicité, du développement de l’individualisme religieux à l’âge moderne [même si le mouvement de l’individualisme religieux fut d’une autre radicalité dans le monde des Réformes.

F Toutes ces vues sont en gros acceptables

 

Question 16

Voici une série de termes ; ils évoquent tous des formes, variées pour la plupart, de radicalité religieuse ; à l’exception d’un seul auquel on peinerait malgré tout à associer, jusque dans sa méthode intellectuelle – l’ « humble dialectique controversiale » –, l’horizon d’une radicalité digne de ce nom. Lequel ?

A millénarisme

B thomisme

C joachimisme

D takfirisme

E dispensationalisme

F fraticelli

 

Question 17

J’ai passé un peu de temps à commenter – non sans une certaine déception finalement – la glose par saint Bruno d’un texte biblique. A quel livre appartenait-il ? [je ne distingue pas ici entre Ancien et Nouveau Testament]

A Apocalypse de saint Jean

B Livre de Jonas

C Cantique des cantiques

D Psaumes

E L’ecclésiaste

F Lettre de saint Paul aux Galates

 

Question 18

« […] et il vit en songe une échelle se dressant au-dessus de la terre, et le sommet de celle-ci touchant le ciel, et les anges de Dieu aussi, montant et descendant au moyen de celle-ci ». Qui « il » ?

A Moïse

B Salomon

C Josué

D Abraham

E Jacob

F David

 

Question 19

Vous avez sans doute compris à suffisance certains termes : ainsi – suggérant des bioi distinctes – les mots cénobitique et érémitique ; peut-être vous êtes-vous demandé, ho monachos étant le solitaire, comment il avait pu se faire [à quel dessein peut-être ?] qu’un nombre croissant de moines, au fil de la seconde moitié du premier millénaire de notre ère, vécussent au sein de communautés [alors, le soupçon a envahi les soupçonneux, lesquels ont redouté quelque intention du « sommet » sur la « base » ; d’autres se sont dits que les jeux de forme de la vie naissent et passent ; de troisièmes se sont murmurés la sentence fameuse de Vaugelas sur l’usage, maître et souverain des langues ; les derniers – presque personne j’en suis sûr – n’y ont pas songé ou y sont demeurés indifférents] ; vous avez encore certainement saisi aussi que le monde des moines [ou des moniales] ne formait qu’une partie du monde des réguliers [lesquels, ne l’oublions pas par ailleurs, tous frères sous la règle, n’étaient ordonnés que pour une minorité d’entre eux] ; ainsi les ordres mendiants fondés au début du XIIIe siècle – affaire d’une portée considérable – étaient-ils soumis à une règle mais accompagnaient-ils le développement des villes ; tels parmi vous ont songé sans doute que le monachisme ne s’exerçait pas toujours sous la règle puisque les fameux ermites que l’on dit Pères du Désert, moines certes, n’eussent pu être considérés comme des réguliers, ne vivant pas leur vie érémitique dans le cadre d’une règle [même si, dès le IVe siècle, avec saint Pacôme ainsi, une règle est née dans le désert – et si, plus largement, certains apophtegmes reçus de certains desdits Pères orientaient probablement la vie d’autres ermites]. Vous choisirez s’il vous plaît une seule parmi les propositions [ou ensembles de propositions] suivantes, soit pour l’écarter comme la moins persuasive [si vous retenez B, C, D, E ou F] soit pour la retenir comme, tout bien pesé, la plus convenable [si vous choisissez A].

A Toutes les propositions qui suivent sont acceptables

B Dire vie érémétique [erēmia=lieu solitaire, désert] ou bien vie solitaire est dire à peu près même chose [et dire encore anachorétisme, mais je n’ai pas utilisé une seule fois le mot anachorète et vous pouvez, pour la réponse, l’oublier entre ses crochets – anachōrēsis=action de se retirer – et, dans un contexte chrétien, de se retirer dans la plus profonde solitude ; selon la définition de saint Jérôme : « anachoretæ qui soli habitant per deserta »]

C Vie claustrale dit métonymiquement [si l’on veut : le contenant, la clôture, pour le contenu, la communauté] la vie monastique [les claustra=fermeture, barrière, clôture ; l’on a vu que, à propos de la communauté monastique, l’on parlait des claustrales]

D Dire vie conventuelle [conventus=assemblée, réunion, communauté ; notons aussi – pour le climat – que conuentum=convention ; l’idée d’ensemble est celle d’une communauté réglée] est dire en principe à peu près même chose que dire vie cénobitique [ho koinobios=celui qui vit en communauté ; to koinobion=la vie commune] ; mais le terme couvent est souvent utilisé pour les ordres mendiants, lesquels ne sauraient être dits monastiques, ni pratiquer une vie claustrale

E Les ordres et congrégations se réclamant de la règle de saint Benoît [VIe s. pjc] vivent en principe une vie cénobitique [je dis « en principe » puisque nous avons compris en passant que le savant dom Adalbert de Vogüé avait fini par obtenir d’abandonner la vie communautaire pour vivre en ermite]

F Au fond, la vie cartusienne est plus érémitique que cénobitique, ou autant du moins

 

Question 20

Une règle monastique en particulier tire une partie de sa justification et du ressort de sa construction des degrés qu’elle distingue – à la façon [image banale de l’élévation à laquelle l’âme pénitente est appelée] de ceux d’une échelle joignant le Siècle et le Ciel – dans la vertu d’humilité. Laquelle ?

A les règles de saint Augustin

B la règle cartusienne dite « Coutumes de chartreuse »

C la règle de saint Benoît

 

Question 21

De quelque façon que l’on interprète leur articulation, les voies de la vie spirituelle – dans la tradition de la doctrine mystique telle que, sur le socle de l’enseignement dionysien, elle semble bien stabilisée aux derniers siècles du Moyen âge – sont dites [dans cet ordre] :

A illuminative et purgative

B illuminative et unitive

C illuminative, perfective et purgative

D purgative, illuminative et perfective [ou unitive]

E illuminative, perfective et unitive

 

Question 22

À partir de Platon, la tradition philosophique, puis celle de la théologie morale, s’est orientée vers la détermination, peu à peu pleinement stabilisée, des vertus « cardinales ». Quelles sont-elles ?

A Prudence, Force [ou Courage], Justice, Tempérance

B Foi, Espérance, Charité

 

Question 23

Au sein du judaïsme, au temps de Jésus, cohabitaient en particulier trois grandes orientations, au fond fortement marquées sous divers aspects. Deux disparurent – l’on peut dire complètement – à la fin du premier siècle [en particulier, s’agissant de l’une, à la suite de la première destruction du second Temple par Titus – celui de Bérénice, le futur empereur… – en 70, parachevée par l’empereur Hadrien lorsqu’il créera en 130, à l’emplacement de Jérusalem, une ville à la romaine, Ælia Capitolana, et, s’agissant de l’autre, toujours assez mystérieuse, de son effacement vers la même époque avec en particulier la probable occupation romaine de la sorte de cité-monastère de Qumran, dominant la Mer Morte – mais toute cette histoire demeure très disputée]. L’une, au contraire, se prolongea et prospéra dans la diaspora, si bien qu’elle fut porteuse de l’essentiel du judaïsme à venir, d’ailleurs assez évolutif et divers [et même si ce ne fut pas de façon tout à fait exclusive – que l’on songe au Karaïsme dans une longue durée enclenchée à la fin du premier millénaire, dont le scripturarisme en principe radical, rejetant la « Loi orale », mais avec bien des nuances toutefois, prolongeait dans une certaine mesure l’un des deux courants disparus au début de notre ère, ou même, par exemple, au Sabbatéisme et à ses prolongements Franckistes, qui ne doivent pas être considérés comme une mince affaire en dépit d’effectifs plutôt modestes]. Laquelle des trois grandes orientations évoquées se prolongea-t-elle ?

A Sadducéanisme

B Pharisaïsme

C Essénisme

 

Question 24

Le Pentateuque, la Torah, la Loi mosaïque [car la tradition impute sa rédaction à Moïse], premier volet de ce que les chrétiens pour leur part désignent comme « Ancien Testament », comprend [selon les appellations les plus répandues en français] :

A Deux livres, Genèse et Exode

B Cinq livres, Exode, livre des Juges, livre des Rois, Psaumes de David, Livre de Job

C Quatre livres, Genèse, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel

D Trois livres intitulés Livre de la Lumière, du Déluge et du Sacrifice, Livre de Moïse, du Passage et de la Montagne d’alliance, Livre de la Pureté, du Rituel et du Sacerdoce

E Cinq livres, Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome

 

Question 25

Les évangiles [canoniques] dits « synoptiques » sont au nombre de

A Trois, Jean, Marc et Luc

B Sept, Pierre, Paul, Jean, Luc, Jacques le Majeur, Jacques le Mineur et Jacques le frère du Seigneur

C Trois, Pierre, Matthieu et Jean

D Trois, Matthieu, Marc et Luc

E Quatre, Marc, Jean, Luc et Paul

 

Question 26

Diriez-vous, des lettres qui sont assurément de saint Paul

[[ Et ceci : quel que soit le plus ancien des évangiles canoniques – sachant que la tradition depuis saint Augustin donne un ordre qui, s’agissant des deux plus anciens évangiles doit peut-être être inversé – et tout en admettant que les évangiles peuvent certainement être réputés des compilations de logia plus anciens, même s’il n’est pas besoin de suivre entièrement Bultmann pour admettre [vous êtes, je l’espère, pour certains, devenus assez « coperniciens » en général pour comprendre, contre les vues les plus répandues dans les facultés de droit, que les « sources » ne s’écoulent pas d’elles-mêmes…] que leur sélection et leur formulation aient été le fait des premières communautés chrétiennes [ta logia, les paroles, les dits de Jésus — formant chacun une unité de sens si l’on veut, au sein en principe d’un contexte narratif précis, manifestant d’ailleurs souvent le caractère singulièrement brillant des réponses adressées par celui-ci à ceux, scribes du Temple et pharisiens en particulier, qui eussent voulu l’embarrasser]. ]]

A que ces lettres sont en gros concomitantes des deux premiers évangiles

B que ces lettres sont antérieures aux évangiles

C que ces lettres ont été rédigées pour la plupart après les synoptiques mais avant quelque[s] autre[s] évangile[s]

D que ces lettres sont plus tardives que tous les évangiles puisqu’elles relèvent de façon désormais admise de la pseudépigraphie [elles seraient l’œuvre de l’hérésiarque « paulinien », et pour cause, Marcion vers 130 pjc]

 

Question 27

Qu’est-ce que la « Vulgate » ?

A Très généralement la traduction de la Bible en langue vulgaire – ainsi la traduction allemande de Luther, anglaise de Jacques Ier, française de Lemaistre de Sacy [celle à partir de laquelle j’ai lu en cours et commenté le bref livre de Jonas], etc. Chaque pays dans lequel le christianisme a rayonné dispose ainsi en principe d’une Vulgate dans sa propre langue vernaculaire

B La traduction latine de la Bible originairement donnée par saint Jérôme

C L’on appelle en général ainsi la fameuse Septante, traduction de la Bible hébraïque en grec imputée à soixante-dix rabbins alexandrins autour de 280 avant l’ère chrétienne

D L’appellation de la version latine du Symbole de Nicée-Constantinople

 

Question 28

Puisque je viens d’évoquer le livre de Jonas, voici six propositions. Vous écarterez celle qui vous paraît la moins persuasive [ma présentation suit l’ordre du livre]

A Dieu [plus exactement : la parole de Yahvé] envoie Jonas à Ninive

B Comprenant que la tempête qui les menace tous résulte de la présence de Jonas à bord – lequel a désobéi à son dieu – cet équipage multi-ethnique et multiconfessionnel [chacun en appelle à son dieu], manifestant, dans les terribles circonstances de la tempête, une véritable humanité, ne se résout pas sans hésitation à jeter, comme il les y invite, le coupable par-dessus bord

C Le dieu de Jonas a envoyé un gros poisson [ou une baleine] à proximité du navire en perdition ; celui-ci avale Jonas et ce dernier demeure trois jours dans les entrailles de la bête

D Le chapitre 2 du livre – qui concerne ce séjour aux en…trailles – est construit comme une sorte de centon composé par la mise bout à bout de fragments des psaumes ; il manifeste ainsi un procès impressionnant d’intertextualité, délibéré évidemment, mais illustrant le ressort puissant que constitue, pour le tissage d’une culture, ou du secteur particulier d’une culture, le jeu spéculaire de la citation [ceci n’a rien de propre aux lettres sacrées : le psittacisme, par-delà les opérations transcendantales de la langue chères à Humboldt, est constitutif de la culture, d’obsédants jeux de forme dressent comme un écran plus ou moins opaque entre l’esprit et lui-même – les réseaux sociaux ont pour simple – mais considérable – effet de réduire la chose à l’étiage de leurs moindres participants et d’assister extraordinairement la domination illimitée d’une humanité enfermée dans la prison circulaire de son propre néant en laquelle une voix psalmodie quelques mantras – la loi macronienne sur les « fake news » achèvera de colmater les maigres fissures du mur cotonneux, mais ceint de terribles chevaux de frises, dans un climat qui réconcilie Orwell et Huxley]

E Rejeté sur le rivage, bénéficiant une nouvelle fois de « la parole de Yahvé », Jonas se rend à Ninive ; il a bénéficié du pardon divin, et – dans les termes les plus émouvants – il n’a de cesse d’implorer son dieu de pardonner aux Ninivites comme il lui a pardonné à lui-même ; mais le dieu de colère ne l’écoute pas, et, malgré le repentir des pécheurs, il lance d’innombrables serpents venimeux à l’assaut des murailles, afin que pas un seul habitant de Ninive ne survive.

F Le livre de Jonas a donné lieu à une riche interprétation, lui assignant rétrospectivement une signification prophétique, dans le cadre – dès lors que l’ancienne Écriture était maintenue dans le canon – de l’inévitable considération typologique de l’Ancien Testament par le christianisme

 

Question 29

Au deuxième siècle de notre ère en particulier, la question fut disputée de l’inclusion ou non des livres vétéro-testamentaires dans le canon des Écritures chrétiennes. Une considérable construction théologique, tirant toutes les conséquences d’une exclusion de l’Ancien Testament du corpus des lettres chrétiennes – réduites dès lors au Nouveau Testament [et même à une partie seulement du Nouveau Testament – le gros de l’évangile selon saint Luc et les épîtres de saint Paul] –, vit le jour, et connut un important rayonnement. Elle fut en tout particulier le fait de

A Tertullien

B Clément d’Alexandrie

C Marcion

D Irénée de Lyon

E Justin de Naplouse

 

Question 30

Étudiant la Loi ancienne, l’Aquinate distingue plusieurs sortes de préceptes – vous cocherez la réponse inexacte

A Cérémoniels [præcepta cæremonialia]

B Spirituels [præcepta spirit[u]alia]

C Moraux [præcepta moralia]

D Judiciaires [præcepta iudicialia]

 

Question 31

Lorsque l’on évoque l’interprétation « spirituelle » [par opposition à « charnelle », prétendument littérale, ou bien historique] de l’Écriture sainte, et en particulier celle de l’Ancien Testament, lequel ne saurait guère – certes – valoir purement et simplement comme tel dans le cadre de la Nouvelle Alliance, l’on peut évoquer la recherche d’un « sens » [vous cocherez la réponse fausse si, soit A, soit B, soit C, soit D ne convient pas ; E si tous les sens conviennent ; F si aucun de ces sens ne correspond à ce que l’on entend par interprétation « spirituelle »]

A allégorique

B tropologique

C anagogique

D typologique [ou figuratif]

E à la fois l’ensemble de ces « sens »

F aucun de ces « sens »

 

Question 32

Qu’entend-on par interprétation typologique ?

A ho tupos, on le sait, évoque le signe écrit [ainsi dans le mot typographie] ; interprétation typologique renvoie donc à la comparaison graphique des sources à des fins de datation

B tupos dit l’image : au sein du corpus tout entier de l’Écriture, la typologie réputera que les circonstances et institutions « charnelles » sont la simple image de la vérité proprement « spirituelle » qu’annonce Jésus

C Le tupos, c’est aussi, au terme du croisement de divers sens possible, le type au sens où l’on parlera, par exemple, de la musique ou de l’architecture typiques d’une culture donnée : en nos domaines, la typologie est tout simplement l’effort systématique en vue de construire un répertoire typologique des personnages typiques de la Bible

 

Question 33

Laquelle de ces propositions vous semble-t-elle la plus convenable ? Dans son importante œuvre exégétique, Luther

A s’est employé à développer, à un degré inédit, les raffinements traditionnels de l’interprétation spirituelle de l’Écriture

B a supprimé tout recours aux techniques de l’interprétation spirituelle de l’Écriture

C s’est peu à peu efforcé de limiter le recours à l’interprétation spirituelle, est assez largement parvenu à ses fins, mais n’a pu éviter entièrement une démarche appelée en particulier par le maintien dans le canon, dans le cadre de la Nouvelle Alliance, des textes de l’Ancienne

D la question n’a pas de sens puisque Luther n’a pas fait œuvre d’exégète, mais simplement de traducteur

 

Questions 34

S’agissant une nouvelle fois du docteur angélique, comment tendriez-vous à interpréter le plan de la IaIIæ, laquelle forme le traité de morale de la Summa theologiæ, sachant que cette partie commence par le bonheur, la béatitude, et se termine à peu près par la Loi.

A Le principe de l’agir humain tient dans la fin de cet agir ; or la finalité de l’agir est la béatitude, la vision béatifique ; l’homme est comme aimanté par son bien ; il peut y avoir des médiations, et certes aussi des égarements, mais au fond l’accomplissement de la contemplation unitive opère comme cause de son action, la théorie est fin et principe de la pratique ; il est donc raisonnable de commencer [sans jeu de mots] par la fin

B Il est admis que la morale de l’auteur de la Somme est une morale du devoir, de l’obligation, et non une morale du bien ; la pensée de saint Thomas est ainsi d’abord une pensée volontariste de la loi, comme celle de Jean Duns Scot par exemple ; la IaIIæ progresse donc, de question en question, vers la découverte de la suprématie de la loi comme loi

C Exposé méthodique – somme – la grande œuvre du dominicain ordonne sa matière d’une façon systématique ; ainsi que cela a été exposé en cours, le point de vue défendu aujourd’hui par certains [celui de la réponse B] ne persuade guère ; le volontarisme de Thomas est en effet douteux et l’on ne saurait assimiler les vues de ce dernier à celles de l’école franciscaine [Jean Duns Scot ou, plus tard, Guillaume d’Occam] ; l’architectonique de l’œuvre appelait un plan dont il n’y a pas lieu de s’étonner, et qui n’implique nullement la considération d’une pensée finaliste

 

Question 35

Présenteriez-vous plutôt Luther

A Comme un savant docteur de la Loi, critiquant sévèrement l’imagination romaine et ses prétentions magistérielles

B Comme – dans son affirmation Sola Scriptura – le père du « positivisme juridique » à l’âge de la nouvelle préoccupation humaniste du texte et du développement de la technique de l’imprimerie

C Comme, au fond, le préfigurateur – du point de vue du pur jeu de forme qu’il dessine – du renversement auquel procédera l’idéalisme allemand, puisqu’il considère que c’est la foi, don de la grâce, qui interprète véritablement l’Écriture.

 

Question 36

Diriez-vous – en vous fiant ici à l’enseignement reçu – que Luther

A admet que l’homme, même à l’âge post-lapsaire, puisse accomplir librement d’authentiques œuvres bonnes et s’en trouver justifié, cette position annonçant strictement celle des jansénistes français du siècle suivant, et se trouvant combattue ardemment par les docteurs jésuites

B répute une telle position profondément fausse, la justification résultant de la seule grâce, extrinsèquement, par l’imputation des mérites infinis acquis par la passion du Christ rédempteur

C adopte une position moyenne, et pense que l’homme peut accomplir quelque bien librement mais qu’il ne saurait s’en trouver sauvé que par quelque complément de la grâce

 

Question 37

Au détour d’un livre, vous lisez la phrase suivante : « Au sein du christianisme, la doctrine de la justification donne lieu à des constructions diverses, voire sévèrement antagonistes – un certain nombre de doctrines ou de confessions minimisant le rôle de la liberté humaine, du mérite propre de l’homme déchu, et accordant une place au moins très prépondérante à la grâce divine. » L’auteur donnant ensuite des exemples de ces doctrines et confessions tenant résolument pour la grâce, vous cocherez celui qui vous persuade le moins :

A Le gros des jésuites – catholiques – au XVIIe siècle

B Le courant thomiste – catholique – et en particulier Bañez

C Le luthéranisme – protestant

D Le jansénisme – catholique et pour une bonne part rayonnant au royaume des lys aux XVIIe et XVIIIe siècles

E Le calvinisme – réformé

 

Questions 38

Lorsque le concile de Trente, dès le 8 avril 1546, lors de sa quatrième session – sept semaines seulement après la mort de Luther –, pose que « ueritatem et disciplinam contineri in libris scriptis et sine scripto traditionibus » [c’est-à-dire que la vérité et la discipline sont contenus dans les livres écrits et dans les traditions sans écrit], que prétend-il – lucidement ou non – entendre par « traditions » ?

A un procès continu d’enrichissement du dogme et de la discipline de l’Église

B les traditions locales de l’Église universelle, telles qu’elles s’épanouissent jusque dans le domaine liturgique

C la condensation doctrinale, dès le Nouveau Testament, ponctuellement du moins, mais surtout à partir des Pères alexandrins [si marqués par l’hellénisme, et tributaires ici en particulier des méthodes de Philon le juif], Clément puis Origène, des interprétations « spirituelles » de l’Ancien Testament

D de façon plus limitative, à l’âge de la générale ordination humaniste au texte, les traditions apostoliques – le « Hadith » chrétien en quelque sorte, enté sur les paroles et attitudes de Jésus, transmises par les apôtres dans la lumière de l’Esprit, ce dernier complétant aussi chez les premiers disciples des vues insuffisantes

 

Question 39

Soit les sacrements suivants [le septénaire sacramentel traditionnel] : baptême [a], eucharistie [b], pénitence [c], confirmation [d], mariage [e], ordre [f], extrême onction [g]. Dans le cadre de la théologie sacramentelle de Luther, lesquels se trouvent-ils finalement maintenus [le cas échéant moyennant – sensible – inflexion] ?

A a, b & e

B a, b & f

C a, b, c & e

D a, b, d, e & g

E a & b

 

Question 40

Alphonse Dupront fut

A un savant et fort attachant auteur catholique du XXe siècle connu en particulier pour sa contribution à l’étude de l’imaginaire de la croisade dans la longue durée

B l’humaniste français, disciple de Luther, rédacteur avec Schwarzert, dit [Schwarz = Melas = noir ] Mélanchton [pas Mélenchon], de la si importante « Confession d’Augsbourg » [1530]

C un disciple de saint Ignace de Loyola, lui-même, ce disciple, premier Supérieur provincial de France de la Compagnie de Jésus, et premier traducteur en français des fameux Exercices spirituels, dont le rôle fut si durablement important pour la mise en forme des mét-hodes de dévotion, dans la considération du terme contemplatif que j’ai dit

D le si célèbre peintre français qui donna l’admirable série de « La vie de saint Bruno » [exposée au Louvre] dont, en ligne du moins, vous avez aimé j’espère les blancs, les bistres, les bruns, les bleus [[ comme je l’ai rappelé, Dupront contribua à la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture auprès de son grand ami Charles Le Brun ; cette institution lui dut sa devise « Libertas artibus restituta » [d’une portée institutionnelle bien sûr – un aspect de la libération absolutiste –, mais – et Dupront ne l’entendait pas autrement – plus qu’institutionnelle – là est le secret du classicisme – je n’insiste pas ici sur autant d’incompréhensibles évidences] ]]

E celui qui est mieux connu – par l’un de ces jeux de mots si liés aux plaisantes mœurs érudites d’autrefois – comme Alphonsus Duprosopus – Alphonse au double visage ; en effet, auteur chrétien du premier traité sur la taqiyya [l’agrément assez généralement donné dans les islams à la dissimulation de ses sentiments religieux au cas de nécessité], le De taquia libri octo [si fameux pour ses admirables planches, et aussi pour l’étrange chapitre dans lequel il esquisse une doctrine des origines latines de la langue arabe en assurant en particulier que la taqiyya est simplement un tacere], érudit ouvrage que lui avait autorisé un long voyage en Orient [comme envoyé du roi François Ier auprès des chrétiens d’Orient, dans le cadre des Capitulations consenties en 1535 par la Porte], il se montra expert lui-même, à un degré stupéfiant, en l’art de recourir à un silence dissimulateur, si bien que, pendant longtemps, il passa pour fort bon catholique tandis qu’il était très proche en réalité de l’ami que lui avait donné une commune enfance noyonnaise, un certain Jean Calvin, auprès duquel il séjourna même plusieurs années par la suite à Genève jusqu’à la mort de celui-ci en 1564. Revenu en France, devenu le plus proche conseiller de Gaspard de Coligny, auteur d’un ultime volume intitulé De la Saincte Cene de Nostre Seigneur Iesus et de son Testament confirmé par sa mort & passion, Traicté tres-utile a tous chrestiens pour cognoistre la vraye institution & administration d’icelle Cene selon la vraye doctrine de l’Evangile […], livre dans lequel il critiquait sévèrement la doctrine sacramentelle, et en particulier eucharistique, de Luther, il partagea le sort de l’amiral le 24 août 1572, lors de l’action d’effectifs catholiques tendant à venger l’assassinat du duc de Guise, mais qui emporta pour finir – c’est ainsi à fort juste titre qu’elle figurait dans la série des « Trente journées qui ont fait la France », par laquelle, comme d’autres, j’ai véritablement abordé l’histoire de France dans les premières années soixante – une importante et définitive modification dans le rapport de forces confessionnel [nous retenons cette action du nom du saint du jour, « la Saint-Barthélemy »]. [Le fameux tableau, conservé à Lausanne, de l’Amiénois réformé François Dubois prétendant représenter le massacre – sans le talent pour ces choses, certes, du merveilleux peintre beauvaisien Antoine Caron – est souvent mal interprété ; Coligny, dit-on, serait à la fois à la fenêtre du premier étage d’un hôtel, tandis qu’on le défenestre, et étendu sur le sol au pied du même bâtiment, quelques instants plus tard, selon un procédé qui fut longtemps admis de spatialisation picturale du temps, une poignée de fervents catholiques procédant fort proprement à son émasculation – ceci est inexact : une lettre de l’artiste, retrouvée il y a quelque temps à la Bodleian Library, assure que le corps pendant à la fenêtre est celui de Dupront, tandis que, bien entendu, le supplicié du bas est bien l’amiral.]

 

Question 41

Parmi les propositions suivantes, vous retiendrez – sans hésiter – celle qui vous semble la mieux assurée :

A Le judaïsme est une religion de l’image et la tendance constante du christianisme a été de remettre en cause ce legs

B L’islam, religion par excellence de l’incarnation, organise le culte autour de l’image, en tout particulier au sein du sunnisme wahhabite ou salafiste

C Le protestantisme, puis la réforme, ont puisé une partie de leur ressort dans le mouvement de résistance populaire à la violente politique iconoclaste du Siège apostolique à partir de Jules II

D Catholicisme et orthodoxie consentent une place très importante à l’image

 

Question 42

Qu’est-ce que le[s] Hadith[s] ?

A Le Hadith est la formule par laquelle les musulmans pieux – lesquels disposent de plusieurs formules d’eulogie obligées pour diverses circonstances – accompagnent toute mention du nom du prophète de l’Islam – salallahou alaihi wa sallam, que la paix et la bénédiction de dieu soient sur lui

B Le Hadith est l’ensemble formé par les cinq [six ?] « piliers de l’Islam » : la profession de foi ; la prière ; l’aumône ; le jeûne ; le pèlerinage [et selon certains, dans le monde sunnite, le Jihad]

C Le Hadith est le récit qui résulte de la compilation des hadiths, des propos et actes du prophète de l’islam

D Le Hadith est l’autre nom, plus répandu, par lequel on désigne la Sirat al-Rasoul, la vie du prophète rédigée par Mohammed ibn Itzhak

 

Question 43

Caractériseriez-vous les positions des évangéliques comme [Vous cocherez la réponse qui ne vous satisfait pas ; toutefois, si vous jugez que les réponses conviennent en gros toutes, vous cocherez la dernière]

A un originarisme

B un littéralisme [subjectif du moins, car il n’est pas certain que la perspective même d’un littéralisme puisse revêtir un sens bien consistant]

C un pentecôtisme confiant dans l’action effective du Saint Esprit

D un antiformalisme [notamment sur le plan liturgique] privilégiant l’expression de l’émotion religieuse collective

E une sensibilité religieuse tournée vers l’attente de miracles

F Toutes ces vues sont acceptables même si l’on peut imaginer que telles entrent dans une certaine tension

 

Question 44

Vous retiendrez s’il vous plaît la meilleure caractérisation. Le dispensationalisme – selon les termes du lexique en usage outre-Atlantique – est en principe un

A prémillénarisme

B amillénarisme

C postmillénarisme

 

Question 45

Selon Robespierre – dans le rapport sur les principes du gouvernement révolutionnaire du 5 nivôse an II –, quelle est « la plus sainte de toutes les lois », la loi fondamentale par excellence, celle devant lesquelles toutes les autres doivent céder ?

A Le respect de la propriété

B Le salut du peuple

C La limitation méticuleuse de la puissance publique

D L’organisation raffinée des organes en charge de la fonction judiciaire

 

Question 46

Du Programme du Conseil National de la Résistance, vous n’écririez pas [vous cocherez la proposition la moins adaptée]

A qu’il appelait à la nationalisation totale de l’artisanat

B qu’il prévoyait de briser les « féodalités » économiques et financières

C qu’il ne dissociait pas la souveraineté économique de la souveraineté politique de la patrie

D qu’il prônait la planification

E qu’il appelait à la nationalisation des grands monopoles, en particulier dans le domaine de l’énergie, des assurances et du secteur bancaire

 

Question 47

Qu’entend-on en gros par « ascétisme intramondain » ?

A Une pratique contrôlée de la sexualité inspirée du bouddhisme vajrayāna [tantrique], théorisée par Marilyn Ferguson dans sa fameuse Aquarian Conspiracy, et très en vogue depuis le déploiement de la sensibilité « New Age » parmi les évangéliques étatsuniens

B L’une des tactiques révolutionnaires – entée sur son analyse de la « société de la forme marchande généralisée » – suggérées par Michel Clouscard dans Néofascisme et idéologie du désir : par le boycott des produits et pratiques liés au « capitalisme de la séduction », par le développement méthodique de pratiques économiques communautaires favorisant le partage et le don, Clouscard pensait qu’il serait possible de limiter l’empire de la « bête sauvage » sur la société

C Cette notion wébérienne doit se comprendre par opposition à l’ascétisme extramondain de la pratique monastique si longtemps importante au sein du christianisme romain. Tout se serait passé comme si les « Réformes », hostiles à cette pratique, avaient procédé à sa sécularisation, l’orientation ascétique se développant dans le monde, et en tout particulier dans le travail, avec l’effet second, du fait des conséquences économiques favorables de la vie réglée et sobre de l’entrepreneur rigoriste, répugnant à consommer, réprouvant les façons ostentatoires, et investissant par suite inlassablement ses bénéfices dans son entreprise, de favoriser l’accumulation capitaliste.

 

Question 48

De qui est ce fragment ?

« Partout où [la bourgeoisie] est parvenue à dominer, elle a détruit toutes les conditions féodales, patriarcales, idylliques. Impitoyable, elle a déchiré les liens multicolores de la féodalité qui attachaient l’homme à son supérieur naturel, pour ne laisser subsister d’autre lien entre l’homme et l’homme que l’intérêt tout nu […]. Frissons sacrés et pieuses ferveurs, enthousiasme chevaleresque, mélancolie béotienne [pour arcadienne], elle a noyé tout cela dans l’eau glaciale du calcul égoïste. Elle a dissous la dignité de la personne […] et aux innombrables franchises garanties et bien acquises, elle a substitué une liberté unique et sans vergogne : le libre-échange. »

A François-René de Chateaubriand

B François Asselineau

C Jean-Luc Mélenchon

D Alphonse de Lamartine

E Karl Marx

 

Question 49

À quel mode de production, à tort ou à raison, Michel Clouscard fait-il correspondre sa notion de « capitalisme de la séduction » ? [il ne s’agit pas ici de fond, puisqu’il y a peut-être des expressions à peu près synonymes dans la liste qui suit, mais d’effectivité dans les usages clouscardiens de la langue]

A Le Capitalisme financier [de type hilferdingien]

B Le Capitalisme monopoliste d’État

C Le Capitalisme oligopolistique globalisé

D Le Capitalisme concurrentiel libéral

E Le mode de production impérialiste [boukharinien]

 

Question 50

Après guerre, selon les termes de Michel Clouscard, l’ « oppression économique » a balayé en quelques décennies les deux « Vieilles France », paysanne et ouvrière. Ce constat clouscardien ne saurait être contesté alors que – dans la décomposition des anciennes solidarités, à la faveur d’une idéologie individualiste radicalisée – achève d’agoniser sous les coups du Capital globalisé et de ses mandataires parlementaires et gouvernementaux une classe ouvrière longtemps nourrie par la grande déportation paysanne. Sachant que Clouscard définit le concept compréhensif d’ « oppression économique » qui lui est cher comme la « somme des six figures de l’exploitation de l’homme par l’homme », laquelle parmi les « figures » suivantes n’est-elle pas l’une de celles qu’il retient dans sa définition ?

A Le déplacement de population qui permet la spoliation-spéculation foncière sur le territoire du loisir [industrie du loisir, maison de campagne, etc.]

B Le déplacement de populations qui permet les spéculations à l’occasion de leur installation sur le territoire du travail [HLM, transports, etc.]

C L’exploitation productiviste par les cadences infernales et la parcellisation extrême du travail [fordisme, taylorisme]

D La mise forcée au travail des femmes désormais asservies aux exigences de la production au détriment de la reproduction démographique de la société

E Le chômage compris comme un instrument de domination.